Bébé médicament : jusqu’où peut-on manipuler la vie ? - Sous le titre « l’enfant du double espoir », France 5 présentait le 9 février dernier, un documentaire sans nuances sur le « bébé médicament ».
César a 4 ans, il est atteint de l’anémie de Fanconi. Cette maladie entraine un dysfonctionnement progressif de la moelle osseuse et des cancers chez le jeune adulte. L’espérance de vie de César est courte. Une greffe de moelle osseuse lui permettrait de vivre jusqu’à 35 ans.
Le documentaire va suivre la famille de Charlotte et Olivier, les parents de César, son parcours pour obtenir un « bébé médicament », Marceau, troisième enfant de la famille, exempt de la maladie et compatible avec leur petit garçon malade. A la naissance, c’est le sang de cordon de Marceau, riche en cellules souches, qui sera prélevé pour servir de greffon. Cependant, sous les beaux sentiments parfaitement légitimes, l’envers du décor n’est pas sans interroger. Pour Ingrid Riocreux[1], « la pratique du bébé médicament est la perversion ultime d’un monde où la vie d’un enfant n’est légitime que si elle a été désirée ». Peut-on fabriquer sans conséquence un enfant pour en sauver un autre ?
En France le « bébé médicament » est abandonné en 2014
En France, la pratique du « bébé médicament », autorisée par la loi, a été abandonnée en 2014. En effet, la loi de 2004 dispose que tous les embryons sains soient implantés avant d’envisager une nouvelle ponction ovocytaire. Cette mesure conduit des parents à des décisions « crève-cœur » qui ne « sauvent » pas leur enfant malade. De leur côté, comme du côté des soignants, le coût affectif est jugé « trop important ».
En Belgique, où Charlotte et Olivier seront envoyés par l’hôpital Robert Debré qui pratiquera la greffe de sang de cordon, le nombre de cycles par femme ou par couple n’est pas limité. Il est possible de produire autant d’embryons que nécessaires jusqu’à trouver celui qui sera compatible. Un autre couple anglais explique que sur 13 embryons créés, trois étaient compatibles, deux ont été implantés. Certains couples n’obtiendront pas ces « bébés du double espoir » même après 6 ou 7 ponctions. Soit… 70 embryons créés ! La possibilité d’avoir un enfant exempt de la maladie est seulement de 10%.
Source : genethique.org
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C'est l'exemple même de la marchandisation de l'humain : choisir de faire naître un enfant pour en soigner un autre... Le concept du bébé médicament est révélateur de la société de consommation qui impose ses critères aux biens et services qui lui sont fournis : si l'enfant est malade et ne correspond donc pas aux standards que nous avons voulu, il faut le réparer par tous les moyens, même en exploitant sa propre chair et son propre sang, pour nous épargner le dérangement que cette maladie provoque dans nos vies. Cela a de quoi nous faire réfléchir.