Bioéthique : nés d'un don de sperme, ils racontent la quête vers leur géniteur anonyme - Le projet de loi de bioéthique, de retour à l'Assemblée nationale, prévoit dans sa version initiale une levée partielle de l'anonymat des dons de gamètes. Certains Français ont déjà engagé ces démarches, à l'aide de tests ADN illégaux.
Ils se sont donné rendez-vous un samedi matin de septembre 2017, dans le salon d'Arthur et Audrey Kermalvezen. Les sœurs d'Arthur, le frère d'Audrey, des témoins du couple… Ces dix personnes, nichées dans une pièce trop étroite pour l'occasion, ont en commun d'être nées d'un don de gamètes. Face à elles, dix petites boîtes blanches en carton. Le groupe s'apprête à faire, dans le secret, une série de tests ADN qui partiront vers les Etats-Unis, avant des résultats en ligne des semaines plus tard. Un dernier recours dans la quête de leurs origines, interdit en France, où les dons sont totalement anonymes.
Cet anonymat pourrait être partiellement levé avec la loi de bioéthique, dont l'examen en dernière lecture débute à l'Assemblée nationale lundi 7 juin. Dans sa version initiale, le texte prévoit l'accès, pour les personnes le souhaitant à leur majorité, à des informations sur leur donneur, y compris son identité. Franceinfo a rencontré des Français déjà lancés dans cette enquête.
Les parents d'Arthur Kermalvezen ne lui ont jamais caché qu'il était né d'un don de sperme. Sa mère, psychanalyste, a très vite verbalisé l'histoire en parlant à son ventre arrondi, évoquant, très tôt, cet "homme très généreux". Arthur l'intègre. "Et puis, on grandit d'un coup et on fait deux têtes de plus que son père", relate le trentenaire élancé, le rire facile et les cheveux légèrement ébouriffés. "On se construit de manière plus angoissée", manquant de repères. Avec par exemple "une page blanche dans ses antécédents médicaux".
Source : francetvinfo.fr