Débats éthiques autour d’embryons chimériques singe-homme - Des scientifiques chinois et américains ont créé en laboratoire des embryons chimères animal/homme. Après un essai infructueux porc-humain en 2017, l’équipe dirigée par Juan Carlos Izpisua Belmonte ont décidé de réessayer avec une espèce animale « plus proche de l’homme », le singe macaque. L’étude a été publiée hier dans la revue Cell [1].
132 embryons chimériques singe-homme
« Six jours après la création en laboratoire de 132 embryons de singe, chacun a reçu une injection de 25 cellules souches humaines ». Au bout de 10 jours, 103 des embryons chimériques étaient encore vivants. Ils ont ensuite commencé à décliner « et, le 19e jour, seules trois chimères étaient encore en vie ». D’après les chercheurs, « le pourcentage de cellules humaines dans les embryons est resté élevé pendant toute la durée de leur croissance », ce qui signifie que les cellules humaines se sont intégrées à l’espèce hôte. « Les cellules humaines ont survécu, ont proliféré et ont généré plusieurs lignées cellulaires » à l’intérieur des embryons de singe, explique le chercheur principal, Juan Carlos Izpisua Belmonte, professeur au laboratoire d’expression génétique du Salk Institute for Biological Studies en Californie.
Selon Henry Greely, directeur du Stanford Center for Law and the Biosciences en Californie et co-auteur de l’étude, ces embryons chimériques n’avaient aucune chance de survie, non seulement parce qu’ils n’ont pas été implantés dans un utérus, mais également parce que la différence de durée de gestation entre les deux espèces « auraient probablement réduit à néant leurs chances de survie ».
Les chercheurs ont effectué une analyse du transcriptome sur les cellules humaines et de singe des embryons. « Comprendre quelles voies sont impliquées dans la communication des cellules chimériques nous permettra éventuellement d’améliorer cette communication, explique Izpisua Belmonte, et d’augmenter l’efficacité du chimérisme chez une espèce hôte plus éloignée de l’évolution des humains ».
L’objectif des chercheurs est double. D’une part ils souhaitent cultiver des organes humains dans des animaux en vue de les greffer sur des humains en attente de transplantation. D’autre part, ils souhaitent créer des modèles d’étude pour tester des molécules, « mieux comprendre le développement embryonnaire » ou approfondir l’étude de maladies telles que Zika ou Alzheimer.
Source : genethique.org