Don d’ovocytes : « Je n’étais pas le patient. J’étais le produit. »

Don d’ovocytes : « Je n’étais pas le patient. J’étais le produit. »
Publié le
November 8, 2021

Don d’ovocytes : « Je n’étais pas le patient. J’étais le produit. » - Dans un témoignage publié par le Guardian, Ellie Houghtaling raconte son expérience de « donneuse » d’ovocytes aux Etats-Unis.

Reçue à l’école de journalisme de l’Université de Columbia, elle se trouve confrontée à des difficultés financières et part alors à la recherche d’argent : « Je suis tombée sur une industrie en plein essor, offrant de grandes quantités d’argent aux personnes en difficulté : le don d’ovocytes ». Une appellation qu’elle ne trouve pas « honnête », lui préférant le terme de « vente d’ovocytes ». « Le terme de ‘don’ est censé refléter le fait que c’est le temps que la femme y consacre et non la valeur de ses ovocytes, qui est rémunéré. Mais ce secteur m’offrait plus à l’heure que ce que je n’avais jamais gagné dans un emploi régulier », explique-t-elle : 10 000 dollars.

Elle prend contact avec une clinique de fertilité trouvée sur Google en mars 2021. Si la secrétaire est au téléphone « enjouée mais méticuleuse » dans sa description du processus, la première visite est « impersonnelle ». Ellie réalise alors qu’« [elle] n’est pas le patient. [Elle est] le produit ».

Cette première visite sert à réaliser une batterie de tests, notamment génétiques. Les résultats arrivent quelques semaines plus tard : Ellie est porteuse de trois maladies génétiques [1], mais la clinique est « rassurante ». D’autres critères sont évalués, entre autres physiques. « Dans l’ensemble, je craignais que ce soit de l’eugénisme aseptisé », écrit-elle.

Viennent ensuite les rendez-vous avec un psychologue, lui exposant la « philosophie de la clinique » : ses ovocytes ne sont pas à elle, et ne sont pas synonymes de « son enfant ». Puis un test de QI, obligatoire dans l’Etat de New York. Ensuite, les injections d’hormones dans le but de stimuler la maturation de 10 à 20 follicules [2]. Accompagnées d’une surveillance échographique quotidienne. Enfin, le recueil des ovocytes : à ce moment-là, Ellie ne veut plus subir l’opération, mais elle « sait aussi qu’il est trop tard pour faire demi-tour ».

« Jusqu’à la toute fin de mon premier don, j’ai eu un sentiment positif de mon expérience. (…) J’ai ressenti du réconfort et de la satisfaction en sachant que j’aidais les gens à réaliser leurs rêves », retrace la jeune femme. Mais dans les derniers jours, « j’ai ressenti une multitude d’émotions qui ont brouillé ce que je pensais être une fin enrichissante. Je me sentais à la merci de la clinique ». L’attrait du chèque de 10 000 dollars la pousse toutefois à mener à terme cette « expérience ».

Source : genethique.org

Commentaire du CPDH

L’expérience de cette "donneuse" d'ovocyte à l'étranger doit nous alerter sur les dérives de ces pratiques à venir en France. Il n'est jamais anodin de faire commerce des produits du corps humain (ce qui est strictement interdit en France) et il existe un parallèle avec les pratiques de GPA. Jusqu'à quel moment consent-on à de tels actes ?

Le consentement est-il réel et éclairé quand on ne peut plus vraiment revenir en arrière ? Toutes ces femmes sont contraintes par des conditions économiques et financières défavorables, dans ce contexte-là, le rapport de force doit nous pousser à considérer qu'il n'y a pas de consentement à des actes dommageables pour leur santé.

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