« Il est urgent de protéger nos données cérébrales des neurotechnologies »

« Il est urgent de protéger nos données cérébrales des neurotechnologies »
Publié le
July 15, 2024
« Il est urgent de protéger nos données cérébrales des neurotechnologies » - Avec une croissance annuelle de plus de 10 % en moyenne, le marché des neurotechnologies devrait peser plus de 21 milliards de dollars d’ici à 2026. Face à des dispositifs qui constituent à la fois un atout pour la médecine du futur et une menace pour notre vie privée, le neurobiologiste Rafael Yuste appelle à instaurer des neurodroits au plus vite. Un entretien à lire en complément de notre nouveau magazine sur l’intelligence artificielle, disponible depuis le 11 juillet en librairie et sur abonnement.

Qu’est-ce que les neurodroits?

RAFAEL YUSTE

Les droits neuronaux sont des nouveaux droits de l’Homme visant à protéger cinq domaines potentiellement menacés par les neurotechnologies. Pour chacun de ces domaines, il existe un droit du neurone. Le premier est le droit à la vie privée mentale, de sorte que le contenu de notre activité cérébrale ne puisse être décodé sans notre consentement. C’est celui qui nous semble le plus urgent étant donné qu’aucun cadre ne protège nos données des nouveaux appareils que vendent les entreprises de neurotechnologie.

Le deuxième est le droit de posséder une identité mentale, afin de préserver les patients dotés d’une technologie neuronale implantable de tout changement de personnalité lors de l’activation du dispositif. Le troisième droit est le droit au libre arbitre sans interférence avec la neurotechnologie. Dans le domaine de l’expérimentation animale, des laboratoires comme le nôtre à l’université de Columbia ont démontré qu’il était possible de manipuler la perception, les souvenirs et de prendre le contrôle du comportement d’un animal. Nous voulons empêcher que cela n’arrive aux humains. Le quatrième droit est le droit à l’égalité d’accès à l’augmentation neurologique. Ce n’est pas un problème urgent mais il pourrait devenir majeur à l’avenir étant donné que ces dispositifs pourraient améliorer nos capacités mentales et cognitives. Le dernier est le droit à la protection contre les préjugés et la discrimination.

Certaines neurotechnologies sont aujourd’hui capables d’analyser l’activité cérébrale d’un individu, mais aussi la modifier en interagissant avec le système nerveux. Vous l’avez constaté dès 2011, en introduisant une image artificielle dans le cerveau d’une souris. En 2019, vous avez réitéré l’expérience, en allant jusqu’à contrôler le comportement du cerveau d’un rongeur. Cette expérimentation est-elle applicable à l’être humain ?

RAFAEL YUSTE

Il y a maintenant plus de dix ans, nous avons réalisé que nous pouvions utiliser les neurotechnologies pour manipuler la perception et le comportement de rongeurs. Immédiatement, mon équipe et moi avons compris que ce que nous pouvions faire sur une souris à ce moment-là, nous pourrions le faire sur un humain demain. Ce souvenir, je l’appelle mon moment Oppenheimer. J’ai compris que les neurotechnologies pourraient devenir une bombe.

Source : www.usbeketrica.com

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Commentaire du CPDH

A la fois effrayants et fascinants, les propos du neurobiologiste Rafael Yuste nous dévoilent une réalité que nous ignorons encore. Les neurotechnologies et les entreprises qui les créent, pourraient prendre le contrôle de nos cerveaux et de nos pensées, il devient alors urgent de légiférer sur des neurodroits pour éviter les dérives. Il propose cinq neurodroits dont le droit à une vie privée mentale et le droit au libre arbitre. Si vous pensiez ces droits acquis, cela à de quoi nous faire réfléchir ! Espérons que les politiques sauront se saisir de la question.

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