RAFAEL YUSTE
Les droits neuronaux sont des nouveaux droits de l’Homme visant à protéger cinq domaines potentiellement menacés par les neurotechnologies. Pour chacun de ces domaines, il existe un droit du neurone. Le premier est le droit à la vie privée mentale, de sorte que le contenu de notre activité cérébrale ne puisse être décodé sans notre consentement. C’est celui qui nous semble le plus urgent étant donné qu’aucun cadre ne protège nos données des nouveaux appareils que vendent les entreprises de neurotechnologie.
Le deuxième est le droit de posséder une identité mentale, afin de préserver les patients dotés d’une technologie neuronale implantable de tout changement de personnalité lors de l’activation du dispositif. Le troisième droit est le droit au libre arbitre sans interférence avec la neurotechnologie. Dans le domaine de l’expérimentation animale, des laboratoires comme le nôtre à l’université de Columbia ont démontré qu’il était possible de manipuler la perception, les souvenirs et de prendre le contrôle du comportement d’un animal. Nous voulons empêcher que cela n’arrive aux humains. Le quatrième droit est le droit à l’égalité d’accès à l’augmentation neurologique. Ce n’est pas un problème urgent mais il pourrait devenir majeur à l’avenir étant donné que ces dispositifs pourraient améliorer nos capacités mentales et cognitives. Le dernier est le droit à la protection contre les préjugés et la discrimination.
RAFAEL YUSTE
Il y a maintenant plus de dix ans, nous avons réalisé que nous pouvions utiliser les neurotechnologies pour manipuler la perception et le comportement de rongeurs. Immédiatement, mon équipe et moi avons compris que ce que nous pouvions faire sur une souris à ce moment-là, nous pourrions le faire sur un humain demain. Ce souvenir, je l’appelle mon moment Oppenheimer. J’ai compris que les neurotechnologies pourraient devenir une bombe.
Source : www.usbeketrica.com
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A la fois effrayants et fascinants, les propos du neurobiologiste Rafael Yuste nous dévoilent une réalité que nous ignorons encore. Les neurotechnologies et les entreprises qui les créent, pourraient prendre le contrôle de nos cerveaux et de nos pensées, il devient alors urgent de légiférer sur des neurodroits pour éviter les dérives. Il propose cinq neurodroits dont le droit à une vie privée mentale et le droit au libre arbitre. Si vous pensiez ces droits acquis, cela à de quoi nous faire réfléchir ! Espérons que les politiques sauront se saisir de la question.