Des "femmes broyées, massacrées". La présidente du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), Sylvie Pierre-Brossolette, a présenté mercredi 15 novembre, devant la commission des lois de l'Assemblée nationale, le rapport "Pornocriminalité : mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique", publié le 27 septembre dernier. L'ancienne journaliste, qui veut mettre un terme à un "massacre à but lucratif", a décrit une industrie aux pratiques "absolument monstrueuses" et évoqué la nécessité de "réguler" strictement l'espace numérique.
Face aux députés, Sylvie Pierre-Brossolette a commencé son exposé en reprenant les chiffres donnés par la procureure de la République à Paris, Laure Beccuau, lors de son audition au Sénat, en juin 2022 : "90% des vidéos pornographiques contiennent des violences qui relèvent du code pénal." La présidente du HCE, qui a nié vouloir "interdire la pornographie", estime nécessaire de "lutter contre les illégalités dont elle est porteuse".
"Il est illégal de porter atteinte à l'intégrité du corps humain", a souligné Sylvie Pierre-Brossolette, citant plusieurs pratiques dégradantes, comme le "prolapse", avec des femmes "tellement abimées qu'elles sont éviscérées, on voit les viscères qui sortent". Selon Sylvie Pierre-Brossolette, "le degré de violence augmente chaque année" pour des "logiques de clics, commerciales", afin de "conquérir toujours de nouveaux adeptes, de nouveaux consommateurs, de gagner plus d'argent avec la publicité".
En l'espèce, la présidente du HCE attend beaucoup des futurs procès relatifs aux affaires French Bukkake et Jacquie et Michel : "Cela prouvera que ce ne sont pas des élucubrations de spécialistes", a-t-elle expliqué, dépeignant une industrie désormais loin du "porno de papa".
Ces images, facilement accessibles sur Internet, ont des "conséquences pour les jeunes absolument abominables", a-t-elle alerté. "Ils se précipitent sur l'open bar du porno dans les iPhones dès le plus jeune âge, 8-10 ans..." La présidente du HCE s'inquiète face à la "fabrique" de "générations entières de détraqués", allant jusqu'à parler d'une "marée humaine de jeunes détraqués ou traumatisés".
Autre constat effrayant : "85 millions de vidéos de pédopornocriminalité sont diffusées dans le monde chaque année et 30% concernent des enfants de moins de 10 ans", a indiqué l'ancienne journaliste devant les députés.
Source : www.lcp.fr