C’est une chambre d’enfant semblable à toutes les autres : ici un petit lit, là quelques jouets, au fond une gigantesque girafe à bascule posée près d’un trampoline - quelle drôle d’idée, un trampoline dans un appartement, les voisins du dessous doivent apprécier. Les chats ont colonisé l’espace. Ils occupent le vide. Car les voisins peuvent dormir tranquillement : Renzzo*, le petit garçon dont nous visitons la chambre, n’y a encore jamais mis les pieds.
Julie*, sa mère, contemple la petite chaise vide en rêvant du jour où elle pourra enfin rentrer de l’école en tenant la main de son fils aîné. Lorsqu’il y a cinq ans elle l’a laissé quitter la maternité, où elle venait de le mettre au monde, dans les bras des deux hommes pour le compte desquels elle s’était engagée à porter un enfant, elle pensait qu’elle resterait pour toujours sa maman. Privée aujourd’hui de son fils, Julie a été reconnue suffisamment mère par les juges pour verser chaque mois 200 euros de pension alimentaire, mais pas assez tout de même pour obtenir le partage de la garde. Cette mère porteuse, qui a consenti jadis à faire une gestation pour autrui « altruiste », sans compensation monétaire, se bat aujourd’hui pour passer du temps avec l’enfant qu’elle ne s’est jamais résolu à abandonner.
Devant nous, Julie déballe des archives de documents qui établissent qu’elle est bien, légalement, la mère de son fils. « J’en suis la mère biologique puisque c’est mon enfant, la mère légale puisque je l’ai reconnu, et la mère d’intention, puisque j’ai ardemment désiré le porter et l’élever ! », s’exclame-t-elle.
Source : www.lefigaro.fr