Jean Leonetti : « La mort n’est pas un problème médical, la mort est un problème existentiel » - Ce matin, les membres de la mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti débutaient leurs travaux (cf. Fin de vie : une évaluation transpartisane de la loi Claeys-Leonetti). Au programme, trois auditions : Jean Leonetti, ancien député, co-auteur et co-rapporteur de la loi qui fait l’objet de la mission, Stéphanie Fillion et Louis Charles Viossat, membres de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et auteurs d’un rapport d’évaluation de l’application de la loi Claeys-Leonetti paru en avril 2018[1], et enfin Jean-Louis Touraine, ancien député, président du groupe d’études sur la fin de vie de l’Assemblée nationale sous la XVe législature.
Olivier Falorni, président de la mission, explique avoir voulu que Jean Leonetti soit le premier à être auditionné. L’ancien député pose le débat : il s’agit d’un « conflit de valeurs ». Une éthique de la fragilité, de la vulnérabilité, de la solidarité, fait face à une éthique de la liberté et de l’autonomie.
Un conflit incarné par Jean-Louis Touraine, tenant d’une éthique de la liberté, qui évoque les « oubliés de la loi Claeys-Leonetti ». Un conflit qu’il nie pourtant : « l’euthanasie est un soin palliatif », prétend-il (cf. Euthanasie et soins palliatifs : des pratiques “antinomiques” pour les médecins).
Jean Leonetti relève par ailleurs que nous n’avons pas d’expérience personnelle de la mort. « La mort c’est l’autre. » Une expérience qui modèle ce que nous pensons du sujet. Enfin, alors que « la mort est médicalisée », l’ancien député dénonce un « piège » : « La mort n’est pas un problème médical, la mort est un problème existentiel », corrige-t-il.
Pour Jean Leonetti, la loi française présente un « caractère innovant » : celui de traiter de l’acharnement thérapeutique, aussi appelé obstination déraisonnable. « On ne doit pas faire tout ce qui est possible mais tout ce qui est humainement et raisonnablement possible. »
A ce sujet, il évoque, de façon surprenante, le cas de Vincent Lambert : « je suis de ceux qui pensent qu’un état végétatif ne doit pas être prolongé », estimant qu’il s’agissait là d’obstination déraisonnable (cf. Emmanuel Hirsch : L’affaire Vincent Lambert, « un échouement éthique et politique dont nous devrions tirer quelques leçons »). Pour l’ancien député, il est nécessaire de prévoir une « possibilité de réversibilité » : suspendre ou interrompre les traitements, y compris l’alimentation et l’hydratation, après avoir sauvé une vie.
Source : genethique.org
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L’audition de Jean Leonetti lors de la mission d’évaluation de la loi qui porte son nom, pose bien les termes du débat sur la fin de vie : le conflit de valeurs. D’un côté, les partisans des soins palliatifs qui promeuvent une éthique de solidarité, de l’autre les défenseurs de l’euthanasie qui plaident pour une éthique de liberté. Cependant, cette dernière pose problème puisque comme le dit l’adage « la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres »…. Et c’est là que le bât blesse car la légalisation de l’euthanasie est bien incompatible avec le respect de la liberté des soignants. Et que penser de la liberté des familles ?