Alors que le projet de loi bioéthique revient au Sénat en deuxième lecture ce mardi, le père Thierry Magnin, docteur en physique et théologien, met en garde sur l’utilisation de technologies non plus au service du bien commun mais pour répondre à des désirs individuels.
Ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, filiation fondée sur la déclaration, élargissement des recherches sur l’embryon… Le projet de loi bioéthique débattu dès ce mardi 1er février au Sénat en deuxième lecture comporte des changements de société majeurs. Des changements rendu possibles par des technologies de plus en plus sophistiquées « mises au service de désirs individuels mais sans étude profonde des conséquences à moyen et long terme », regrette le père Thierry Magnin, docteur en physique, théologien et recteur délégué de l’université catholique de Lille. « La grande question de l’éthique est de s’interroger : parmi les possibles quels sont les souhaitables ? C’est une question de sagesse et pas d’être pour ou contre le progrès ». Entretien.
Aleteia : Le projet de loi bioéthique constitue-t-il une rupture par rapport aux précédentes révisions des lois de bioéthique ?
Père Thierry Magnin : Le projet de loi bioéthique s’inscrit dans la continuité du libéralisme qui s’est déjà fait sentir lors des précédentes lois de bioéthique. L’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules n’est pas une surprise. Le désir d’une femme, de deux femmes, d’un homme ou de deux hommes d’avoir un enfant se comprend. L’éthique n’est d’ailleurs pas de porter un jugement sur ces personnes. Elle est de porter un regard sur des situations. Or ce désir d’enfant, que l’on peut comprendre, doit-il donner lieu à une loi car les technologies le permettent ? Non. Pourtant, c’est vers cela qu’on s’achemine. Du désir d’enfant au droit à l’enfant la frontière est de plus en plus ténue. Le poids du projet parental l’emporte très nettement sur les droits de l’enfant. Le projet de loi bioéthique transforme des techniques – initialement utilisées pour faire face à l’infertilité – en prestation de service répondant à des désirs. C’est un virage de la médecine. Les circonstances de la vie provoquent parfois une PMA sans père car ce dernier est parti. C’est un drame de la vie que l’on est sur le point de légaliser voire d’encourager. Mais sans mesurer les conséquences. Parmi les possibles quels sont les souhaitables ? C’est cela la grande question de l’éthique. Or tout ce qui est possible n’est pas forcément souhaitable, il y a une vraie question de sagesse.
Source : fr.aleteia.org