« La numérisation de la médecine : un progrès mais aussi un écran entre soignants et usagers » - Pierre-Vladimir Ennezat, médecin des hôpitaux et cardiologue, s’inquiète dans une tribune au « Monde » des effets de la numérisation croissante de la relation entre soignants et patients. Cette charge administrative participe d’une déshumanisation du système de santé.
Tribune. Les écrans sont venus s’interposer massivement entre les patients et les soignants, entre les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, les kinésithérapeutes, les brancardiers, les diététiciens, les assistantes sociales, les cadres de santé et les secrétaires, entre les personnels administratifs non soignants et les personnels soignants.
En revanche, le temps passé auprès des patients s’amenuise progressivement : moins d’écoute, un examen clinique réduit, moins d’attention envers leurs interrogations et leurs angoisses, moins de prise en compte du contexte culturel, social, familial et professionnel. En consultation, le temps d’écoute médicale sans interruption n’était déjà que de 23 secondes avant l’ère numérique ! A l’ère de la tarification à l’activité, les actes doivent s’enchaîner dans un temps et un nombre de lits restreints.
Le fonctionnement des hôpitaux de jour ou de semaine nécessite une programmation réglée comme une horloge suisse. Lorsque vous pénétrez dans l’univers hospitalier, la probabilité de rencontrer physiquement les soignants dans les chambres des patients est devenue largement inférieure à celle de les trouver en face d’écrans.
Source : lemonde.fr