«La pornographie, grande oubliée de la lutte contre la traite des êtres humains»

«La pornographie, grande oubliée de la lutte contre la traite des êtres humains»
Publié le
October 15, 2021

«La pornographie, grande oubliée de la lutte contre la traite des êtres humains» - Le 18 octobre aura lieu la 15e Journée européenne contre la traite des êtres humains. Pour le chercheur Nicolas Bauer, certains excès de la pornographie pourraient l'assimiler à une forme de traite, laquelle est interdite par le droit international.

La production pornographique est souvent critiquée lorsqu'elle est accessible aux enfants ou génère des addictions. Il est en revanche plus rare que l'on s'intéresse de près à la condition de ceux que l'on appelle maintenant les «travailleurs du sexe». En avril 2021, le leader français du «porno» Dorcel a cherché à promouvoir une «Charte déontologique de la production X», visant à fixer un cadre protégeant ces personnes. Il s'agissait alors de faire oublier la mise en examen de producteurs et collaborateurs de Dorcel pour viol, proxénétisme aggravé et traite d'êtres humains aggravée, trois mois après une enquête similaire visant le site «Jacquie et Michel».

Prostitution et pornographie ont plusieurs points communs. Dans les deux cas, les corps sont loués, en échange d'argent, pour le plaisir d'autrui. Nicolas Bauer

Au-delà de ces plaintes d'actrices, des associations féministes comme le Mouvement du Nid dénoncent l'existence d'un problème systémique de traite d'êtres humains dans l'«industrie du sexe». Pour lutter contre la traite, un cadre juridique complet s'est développé ces deux dernières décennies, au niveau international, puis européen. Néanmoins, son potentiel contre les excès de la pornographie est largement sous-exploité, car il se heurte à un tabou. Il n'est pas exagéré d'affirmer que la pornographie est la grande oubliée de la réflexion juridique et politique sur la traite des êtres humains.

Les premiers efforts internationaux contre la traite visaient à protéger les femmes de la prostitution. Ainsi, en 1910, une convention internationale réprimant la «traite des blanches» était signée à Paris. D'autres ont suivi durant les décennies suivantes, élargissant peu à peu la question à toutes les formes de trafic sexuel, puis à partir de 2000 à toutes les situations de traite d'êtres humains. Pour autant, le cas de traite le plus répandu dans le monde occidental reste le trafic sexuel et c'est toujours sur la prostitution que se focalise la lutte contre la traite. Il faut dire que le droit international interdit explicitement «l'exploitation de la prostitution d'autrui» (proxénétisme).

Source : lefigaro.fr

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Commentaire du CPDH

Lundi était la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains. Plus d’une centaine de personnes ont marché partout en France à l’appel du CPDH et d’A21 pour sortir de l’ombre les victimes de traite. Notre partenaire l’ECLJ a pu prendre la parole lors de notre Marche à Strasbourg, devant le Conseil de l’Europe, pour dénoncer l’industrie pornographique qui exploite les victimes. C’est ce que nous explique Nicolas Bauer dans cette tribune au Figaro Vox.

Vidéo à regarder également : Prostitution et pornographie : des formes de traite d'êtres humains ?

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