Même si le mot n’est pas nécessairement prononcé, l’eugénisme soulève toujours des inquiétudes.
L’eugénisme, cette notion inventée par Francis Galton en 1883, désigne les théories et les pratiques qui visent à « améliorer les caractéristiques héréditaires de l’espèce humaine, notamment par le contrôle des naissances et la sélection des individus jugés aptes à se reproduire ». L’idée générale est celle de la promotion des caractéristiques génétiques considérées comme « supérieures », et de la suppression de ceux qui seraient dès lors « indésirables ». L’eugénisme, c’est l’utilisation des connaissances scientifiques sur l’hérédité au service d’un projet politique et social.
Mais certains s’en défendent en prétendant qualifier l’eugénisme : il serait « libéral » pour le responsable scientifique de Heliospect Genomics [4], Jonathan Anomaly ; il serait « relatif » pour l’auteur de « Refonder la définition de l’eugénisme en matière de diagnostics anténatals » dans la revue juridique Personne&Famille [5], comme un eugénisme « doux ».
Mais peut-on qualifier l’eugénisme, afin d’en atténuer la gravité ? Comme le souligne la philosophe Danielle Moyse, « est-ce la sélection des vies qui fait l’eugénisme ou la violence de cette sélection ? »[6]. L’adjonction d’un qualificatif permet-il réellement de nuancer l’essence-même de la sélection et de la destruction contenues dans le concept d’’eugénisme ? C’est en effet l’objectif de ces innovations terminologiques : ce qui est libéral ne devrait-il pas être acceptable ? Car sous couvert de liberté, tout devient légitime : un eugénisme « libéral » voudrait faire croire qu’il élargit le champ des possibles pour les individus plutôt qu’il ne sélectionne.
Source : www.genethique.org
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Trier des embryons selon leur QI ? La pratique choque encore en France, mais demain ? Si l’eugénisme reste interdit dans notre pays, ces limites reculent sans cesse. Peu de personnes contestent aujourd’hui l’avortement systématique d’enfants porteurs de Trisomie 21 ou les tests de dépistage pré-implantatoire. Finalement, « les innovations terminologiques », comme le dit l’auteur, qui masquent les réalités de l’eugénisme en font des pratiques acceptables car « libérales » ou « privées ». De l’exigence du bébé parfait un bébé augmenté, il n’y a qu’un pas, que nous ne voudrions pas voir franchi.