«L’euthanasie ébranlerait la confiance qui existe entre les patients et les médecins» - Alors que la très controversée proposition de loi pour la légalisation de l’euthanasie était étudiée jeudi 8 avril à l’Assemblée nationale, le débat sur la fin de vie continue de diviser. Pour le philosophe Damien Le Guay, il faut écouter les professionnels du palliatif, opposés à cette démarche.
Messieurs, mesdames les députés, le jeudi 8 avril, vous étiez à deux doigts de voter un texte instituant «un droit à une fin de vie libre et choisie» - qui regroupe à la fois l’euthanasie et le suicide assisté. Et comme le vote se fait en conscience, encore faut-il l’éclairer, le mettre en perspective, lui donner du grain à moudre, loin des opinions de surface.
Et comme cette proposition, évitée de justesse, reviendra bientôt, encore faut-il mesurer en votre «âme et conscience» tous les enjeux de cette question. Tous et non pas un seul. Car tous, comme dans un jeu de mikado, ils dépendent les uns des autres.
Votre vote personnel engagera le pays. Cette responsabilité décisive conforte vos idées mais elle doit aussi surmonter celles de ceux qui, en conscience, sont contre l’euthanasie. Ne faut-il pas, ici et maintenant, penser contre vous-même et vous dégager un peu de cette petite musique euthanasique lancinante, confortable, portée complaisamment par les médias, avec les mêmes sempiternels refrains et les mêmes «éléments de langage» répétés à satiété. Cette « liberté » viendra s’opposer à la confiance entre les patients et les médecins et exercera une pression sur les malades dont la liberté de vivre jusqu’au bout sera ébranlée, presque déconsidérée.
S’agit-il par ce vote (celui qui n’a été que différé) de soulager le «mal-mourir en France», d’arrêter les souffrances intolérables en fin de vie ou de déployer des soins palliatifs partout? Non. Et on le regrette.
On aurait préféré une grande loi avec de grands moyens et de grande ambition sur la fin de vie. Il n’en est rien. Les Français la demandent avant tout le reste. Espérons que le rapport promis par le ministre de la santé sur l’état actuel des soins palliatifs donnera des pistes et (enfin!) de l’ambition au gouvernement.
Source : lefigaro.fr