« L’euthanasie et le suicide assisté sont une profanation de l’acte de soin » - Faire évoluer la loi Claeys-Leonetti qui respecte les droits de la personne en fin de vie mettrait en péril la cohésion sociale, estiment Sadek Beloucif, professeur d’anesthésie-réanimation, et Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris.
La discussion parlementaire à venir sur une évolution de la loi sur la fin de vie, possiblement orientée vers le suicide assisté ou vers l’euthanasie, nous trouble. Bien sûr, il ne peut y avoir de contradiction entre théologie et politique, car le croyant – qui a choisi de se conformer à la loi divine – doit respecter la règle républicaine. Notre devoir de citoyens nous impose néanmoins d’exprimer le péril que ferait courir à la cohésion nationale une telle évolution.
D’après les sondages d’opinion, une majorité des Français préférerait être euthanasiée plutôt que de souffrir de douleurs intolérables. Voilà une réponse à une question mal posée car, avec les dispositions législatives actuelles et les derniers progrès médicaux, une telle alternative ne se pose pas. Toujours d’après les sondages, une majorité de Français ignore que des directives anticipées peuvent dicter leurs décisions médicales, et qu’elles peuvent inclure le droit pour chacun à demander une sédation profonde et continue jusqu’à son décès, même à domicile.
De quoi s’agit-il au fond ? L’euthanasie consiste en l’administration par un médecin de substances destinées à mettre fin à la vie d’une personne. Légale en Belgique, après demande explicite du patient, elle a vu dans ce pays ses indications élargies, même si le nombre de cas reste stable. Avec le suicide assisté (possible en Suisse, alors que l’euthanasie y est interdite), la substance létale est mise à disposition de la personne qui décide elle-même de l’ingérer ou de mettre en route le dispositif de perfusion du produit.
Source : lemonde.fr