Loi bioéthique : quel monde nous a-t-on choisi pour demain ?

Loi bioéthique : quel monde nous a-t-on choisi pour demain ?
Publié le
July 15, 2021

Vous vous souvenez certainement des états généraux de la bioéthique lancés en 2018 avec cette question véritablement intéressante : « Quel monde voulons-nous pour demain ? ».

Avec une participation record des citoyens et un message fort « du peuple » au Président de la République : « tout ce qui est techniquement réalisable n’est pas éthiquement souhaitable ». Et la très grande majorité de l’expression citoyenne qui a dit son refus de voir l’humanité génétiquement modifiée ou de voir la médecine quitter sa mission de soin pour aller s’échouer sur les rivages de l’exigence humaine : celle qui réclame un enfant à tout prix, quitte à ce qu’il soit définitivement privé de père. 

Dans toutes les consultations qu’il a mené, le Président n’a fait que donner à la société un peu de temps pour parler mais ne l’a jamais véritablement écoutée. Le Président de la République et son Gouvernement avait déjà pris leur décision avant toute consultation. J’en veux pour preuve l'entretien du 20 février 2019 avec trois conseillers du 1er Ministre, Edouard Philippe, qui se solde par cette surprenante déclaration : « c’est un choix politique et nous avons choisi ». Et que dire de mon tête à tête avec M. Macron, le 15 janvier 2019, qui se solde par un surprenant contournement du conseil que je lui adresse alors. Mais quel monde le Président, et ses conseillers, nous ont-ils choisi pour demain ?

La loi de bioéthique adoptée le 29 juin 2021 modifie le Code civil en permettant la double reconnaissance de filiations maternelles artificielles, résultat d’une « reconnaissance anticipée de volonté » qui permettra à des couples de femmes d’être mères du même enfant en même temps. La mère n’est plus « celle qui accouche », ce que notre droit français avait toujours reconnu. La procréation médicalement assistée (PMA) sera désormais « pour tous », sans nécessité d’une infertilité médicalement constatée.

Le commerce de l’enfantement peut désormais se développer à plus grande échelle avec pour clients potentiels : tous les couples et les femmes seules qui se verront rembourser leur PMA par la sécurité sociale. Les détresses « psychosociales » qui parfois s’en suivront et qui peuvent être liées à la monoparentalité ne semblent pas avoir inquiété les députés de la majorité. Le droit d’un enfant à « connaître, dans la mesure du possible, son père et sa mère et à être élevé par eux » … laissé de côté. La mise en garde de l’Académie Nationale de Médecine sera donc restée lettre morte :

« Il y a une rupture volontaire d’égalité entre les enfants. A ce titre, la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n’est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant »[1]. Cette rupture d’égalité était déjà voulue en 2013, lors du débat sur « le mariage pour tous », mais la résistance citoyenne l’a finalement repoussée de 8 ans. C’est cette même et constante résistance qui a fait reculer l’Assemblée Nationale à propos de la PMA post-mortem (avoir un enfant avec le sperme d’un homme décédé), la PMA pour les personnes transsexuelles ou encore au sujet de la reconnaissance d’un motif de « détresse psychosociale » pour justifier des interruptions de grossesses jusqu’au terme de ces dernières.

La résistance est nécessaire. La résistance est utile car elle marque l’histoire et témoigne toujours de vérités qui ne sont jamais admises sur le moment, par la majorité ou par les gouvernements. La résistance est « protestante » car elle conteste les faux arguments et met en lumière les vrais dangers. La résistance est humble, car elle a conscience de sa petitesse – voire de sa faiblesse – et en même temps elle croit en la Justice. C’est cela qui inspira l’apôtre Paul, le poussant à encourager les Ephésiens.

[1] Rapport de l'Académie nationale de médecine du 18 septembre 2019 (site consulté le 28 janvier 2021 à 18h).

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