NON les protestants évangéliques ne demandent pas de certificats de virginité à qui que ce soit ! - Invitée dimanche 10 janvier sur France 3, la Ministre déléguée chargée de la citoyenneté, Madame Marlène Schiappa a affirmé que certaines familles « évangélistes » (au lieu d’ « évangéliques ») sollicitent des certificats de virginité. La réaction du pasteur Christian Blanc, président du Conseil National des évangéliques de France (CNEF) ne s’est pas fait attendre. Il a qualifié de « regrettable » les propos de la Ministre. Et pour cause ! Une telle pratique en France n’a pas cours chez les chrétiens évangéliques. Alors pourquoi justifier par de telles allégations une disposition du projet de loi de lutte contre les séparatismes dont l’article 16 vise à interdire à l’ensemble des professionnels de santé l’établissement de certificats attestant de la virginité d’une personne, et à sanctionner ceux qui y contreviendraient ? Si de telles demandes peuvent émaner de certaines familles musulmanes, elles n’ont pas de raison d’être dans les familles évangéliques. La Ministre se laisserait-elle aller à de bien surprenantes caricatures ? Ou serait-elle intentionnellement le vecteur de stéréotypes qui lui permettent de désigner comme coupables des innocents, pour justifier son projet politique ? Et ce, sans oser pointer vraiment ceux qu'elle vise.
Elle est caractérisée, dans l'absolu, par l’absence de relations sexuelles, laquelle concerne à la fois les hommes et les femmes. Si des certificats de virginité devaient être exigés, il faudrait donc qu’ils le soient à l'égard des deux sexes ! Il est vrai que, dans la théologie évangélique, la relation conjugale ne se conçoit pas hors mariage ; quant à la recommandation biblique « que le mariage soit honoré de tous » (livre aux Hébreux chap. 13 v. 4) elle s’adresse autant aux époux qu'à la société ou à la famille qui organise le mariage. La virginité n’est pas une « clause » rendant possible ou non le mariage. Elle est l’expression du respect de soi et du respect mutuel que les futurs conjoints se doivent dans l’amour. Ce qui nécessite aussi « fidélité, secours, et assistance » de l’un à l’égard de l’autre, comme le prévoit l’article 212 du Code civil français. Comme le souligne la pasteure Nicole Deheuvels, cette compréhension de la virginité et du mariage se heurte bien entendu aux « modèles du libertinage et de la pornographie actuels », soulignant que « la mise en place d’une sexualité respectueuse, douce et joyeuse, pudique et sensuelle est un vrai défi pour les couples modernes »[1]
Enfin, pour les protestants évangéliques, le respect de la dignité humaine interdit de soumettre l’un ou l’autre des partenaires à des contraintes humiliantes. La théologie évangélique retient fermement la recommandation biblique d’aimer son prochain comme soi-même. Encore plus lorsqu’il s’agit de son futur époux ou de sa future épouse.
[1] Nicole Deheuvels. La foi chrétienne et les défis du monde contemporain. Editions Excelsis. P. 279.