En France, un couple sur quatre rencontre des difficultés pour avoir un enfant. Comme Perrine et Sébastien Lebouvier, qui ont bien voulu confier leur histoire à La Croix. Elle, 39 ans, est ambulancière. Lui, 45 ans, travaille dans l’alimentaire. Mariés depuis juillet 2013, ils vivent dans la Manche où ils élèvent leurs garçons – Tom, 7 ans, Noa, 4 ans et Noë, 1 an – tous nés du même don d’ovocytes, nom des cellules germinales femelles qui, fécondées in vitro par les spermatozoïdes de Sébastien, ont donné les embryons implantés dans le ventre de Perrine. « Tom, on l’a eu en frais. Noa et Noë, eux, avaient été congelés », raconte en s’en amusant la maman aujourd’hui comblée.
Un bonheur conquis de haute lutte. « À 16 ans, on m’a diagnostiqué une absence d’ovaires et un utérus anormalement petit. Le gynécologue m’a expliqué que si je voulais avoir des enfants, il me faudrait bénéficier d’un don de gamètes mais je n’étais pas assez mûre pour comprendre », se souvient Perrine. Des années plus tard, Sébastien entre en scène et les deux échafaudent des projets d’avenir. « Il connaissait mon problème de santé et m’a épousée pour qu’on puisse se lancer sans tarder dans un parcours de PMA », poursuit-elle.
Celui-ci va s’étaler sur près de sept années ponctuées d’examens, de traitements, de doutes après chaque échec, de grandes joies à chaque naissance. « Un parcours physiquement et psychiquement éprouvant, qui met les nerfs et le couple à rude épreuve. Mais l’envie de fonder une famille a été plus forte que tout », souligne Perrine.
Qu’est-ce donc que ce désir d’enfant qui incite des milliers de couples hétérosexuels – environ 60 000 par an – mais aussi de couples homosexuels ou de femmes seules – plus de 30 000 demandes depuis la loi de bioéthique de 2021 qui ouvre la PMA pour toutes –, à pousser les portes de l’un des 103 centres d’aide médicale à la procréation ? Un désir qui peut devenir « tyrannie de la reproduction », titre du dernier ouvrage du professeur René Frydman dans lequel il met en garde contre « l’obsession de l’enfant » au risque de transformer l’aide médicale à la procréation en un vaste marché ?
Source : www.la-croix.com