"On est dans une forme de glamourisation de la prostitution dans la société", analyse, mardi 4 février, sur France Inter, Lénaïg Le Bail, cheffe de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH). En France, la prostitution des mineurs augmente, surtout celle des filles qui sont entre 10 000 et 15 000 dans le pays, un chiffre multiplié par dix en 10 ans.
Les victimes utilisent plutôt des termes comme "escorting", "michetonnage", des mots plus "sexy que prostitution, moins infamant et plus tendance", explique Lénaïg Le Bail. Les victimes "ne se considèrent donc pas comme victimes", poursuit-elle "parce qu'on est dans des mécanismes d'emprise, de vulnérabilité, d'exploitation". Les proxénètes, eux, "sont dans une démarche de protection, d'aide et d'assistance" vis-à-vis de ces jeunes filles qu'ils exploitent en réalité. Lénaïg Le Bail parle d'une emprise "particulièrement forte". Les victimes ont donc généralement besoin "d'un temps assez long pour se rendre compte de la situation dans laquelle elles sont et qu'elles puissent même être en mesure de témoigner".
Les enquêtes sont également plus difficiles à mener "parce que les victimes sont de plus en plus invisibles", détaille Lénaïg Le Bail. Elles sont plus difficiles à repérer "à la fois pour les forces de l'ordre mais aussi pour les voisins, pour les associations, pour tous les acteurs". Une situation qui se remarque "avec la dématérialisation du proxénétisme" mais aussi depuis la crise sanitaire : "On a de moins en moins de prostitution sur la voie publique, aujourd'hui elle est logée, elle a lieu dans des espaces privés, fermés comme des hôtels ou des logements loués pour une courte durée sur des plateformes en ligne". D'ailleurs, rappelle Lénaïg Le Bail, "les propriétaires doivent être vigilants parce que mettre à disposition un lieu dans lequel va s'exercer la prostitution, c'est du proxénétisme". Si quelque chose est détecté, il faut donc le signaler aux autorités, insiste la cheffe de l'OCRTEH.
Source : www.francetvinfo.fr
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Le nombre de prostituées mineures a été multiplié par 10 en 10 ans en France. De quoi nous faire réfléchir aux facteurs dans notre société qui poussent les jeunes filles à considérer la prostitution comme une activité acceptable. Si le programme d’éducation sexuelle à l’école doit servir un objectif se devrait être celui d’apprendre le consentement et le respect de soi et de son corps.