Que reproche-t-on à TikTok ? Soft power, espionnage, données personnelles… - L’application star des adolescents est menacée d’interdiction par plusieurs gouvernements, qui craignent qu’elle ne soit utilisée par la Chine pour espionner ses utilisateurs.
A compter de la mi-mars, le personnel et les élus du Parlement européen et de la Commission européenne n’auront plus le droit d’utiliser TikTok sur leurs appareils professionnels. Au Canada, le gouvernement a déjà banni la très populaire application des appareils mobiles qu’il fournit à son personnel. Quant aux Etats-Unis, une loi ratifiée au début de janvier prohibe le téléchargement et l’utilisation de cette plate-forme de microvidéos sur les appareils des fonctionnaires de l’Etat fédéral, tandis qu’un projet de loi porté au Congrès pourrait aboutir à son interdiction totale. La plate-forme vidéo inquiète également la France, où les sénateurs ont mis en place, mercredi 1er mars, une commission d’enquête sur l’application détenue par l’entreprise chinoise ByteDance.
Au cœur des préoccupations des Etats, l’éventualité que le gouvernement chinois puisse accéder aux données de leurs nationaux et les espionner. TikTok est en effet l’un des rares mastodontes des plates-formes sociales à ne pas être né dans une entreprise de la Silicon Valley. Le service en ligne, qui a vu le jour en Chine en 2016, a des bureaux dans plusieurs villes du monde, dont Paris, mais le siège social de ByteDance, sa maison mère, reste à Pékin. Plusieurs motifs d’inquiétude viennent aussi étoffer ces accusations, qui concernent entre autres certaines pratiques qui ne sont pas l’apanage de ce réseau social.
Selon une récente étude mondiale de Qustodio, société spécialisée dans le contrôle parental, les mineurs ont passé en moyenne une heure quarante-sept minutes par jour sur TikTok, à zapper de vidéos suggérées en vidéos suggérées. Si TikTok (comme tous les géants du Net) garde le secret de son très efficace algorithme de recommandation, le réseau social expliquait, dans une communication en 2020, qu’il se basait classiquement sur les interactions des utilisateurs (les likes, les partages, les messages, etc.) et les métadonnées de la vidéo comme les légendes, les hashtags et les chansons utilisées ; l’appli tient aussi compte des paramètres enregistrés par l’internaute, comme la langue d’utilisation ou le pays où il se trouve. Récemment, le réseau social a annoncé le déploiement pour les mineurs d’un avertissement au bout d’une heure d’utilisation et la limitation des consultations abusives.
Source : lemonde.fr