Un chemin de libération pour des personnes victimes de traite à des fins d'exploitation sexuelle

Un chemin de libération pour des personnes victimes de traite à des fins d'exploitation sexuelle
Publié le
January 22, 2021

Depuis 2016, la mise en place des parcours de sortie de prostitution offre aux personnes victimes de traite des êtres humains l’opportunité de s’extraire de l’exploitation sexuelle pour s’insérer dans la société. 

Le temps du parcours, elles bénéficient d’une allocation et d’une autorisation provisoire de séjour renouvelée tous les 6 mois qui leur permettent de ne plus dépendre des exploiteurs pour vivre. Le dispositif prévoit un accompagnement social, des formations et des cours de français en vue de leur reconstruction et de la réalisation de leur projet professionnel. Au bout de 2 ans, sous réserve de l’obtention d’un contrat de travail, elles obtiennent un titre de séjour de 10 ans.

Le lien social comme déclencheur incontournable

Les personnes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle ayant vécu des parcours d’exil, doivent surmonter de nombreuses difficultés avant de pouvoir imaginer refaire leur vie. Maltraitées et déconsidérées pendant de longues années, elles ont été privées de liberté et leur existence a été bafouée. A cela s’ajoute les traumatismes de l’exploitation sexuelle. Enfin, l’emprise des exploiteurs les place dans une situation de crainte et d’isolement par rapport au monde extérieur.

De ce fait, seule, une personne victime d’exploitation sexuelle a très peu de chance de sortir de l’exploitation. Par ailleurs, quand cela est possible, elle a besoin de temps pour effectuer un véritable cheminement intérieur avant de se projeter dans une démarche d’insertion sociale.

En moyenne, l’entrée dans un parcours de sortie de prostitution fait suite à 19 mois d’accompagnement.

Pour les personnes victimes de traite, au-delà des questions matérielles et de santé, qui peuvent être un déclencheur pour entrer en contact avec une association et déboucher sur un suivi sanitaire et social, il faut premièrement rompre l’isolement social dans lequel les personnes victimes se trouvent. 

Habituées aux relations tarifées, tisser des liens de confiance gratuits est le premier élément qui leur permet d’exister en dehors de leur statut de personne exploitée et de découvrir la possibilité d’une autre vie.

La première étape est donc de reconstruire des liens sociaux naturels et positifs en dehors des réseaux de traite. C’est pourquoi les visites au bois, les activités sportives, ludiques et artistiques, les permanences, les cours de français, les sorties, les séjours mis à disposition par les associations sont si importants. Ils sont proposés totalement gratuitement et ne nécessitent aucun engagement de la part des participantes. 

Ce sont autant d’occasion d’établir une relation saine avec des personnes de différents horizons, qui permettent aux personnes de reprendre un peu de confiance en l’autre et en elle, et qui ouvrent petit à petit un nouvel horizon en dehors du réseau.

L’étape d’après est un investissement plus régulier dans des activités parfois plus exigeantes proposées par l’association, comme l’atelier couture. 

Cela permet aux femmes de tester leur capacité à s’engager dans un projet et d’avancer sur le plan de leur autonomie.

Ce n’est qu’ensuite que la force de sortir de l’exploitation et de construire un projet professionnel à travers le parcours de sortie de prostitution peut germer.

Source : contrelatraite.org

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